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« On se demande combien de temps la situation va durer » 

Patrick, 53 ans

Salarié d'Eurotunnel

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Quartier des Cailloux, Calais


Patrick nous accueille chez lui. « Vous voulez un café, un verre d’eau ? » Après quelques banalités, la discussion s’engage. Le syndicaliste CFDT de la compagnie Eurotunnel ne cache pas son inquiétude face à cette situation qu’il qualifie de « stressante » et dénonce « l’injustice » ressentie par les Calaisiens.


« Si les migrants font preuve d’incivilité, on les arrête et ils s’en sortent avec du sursis, c’est incompréhensible. » Patrick fait référence aux nombreux affrontements entre migrants et force de l’ordre relayés dans la presse. Au cours de la conversation, le Calaisien nous fait part des intrusions que le site d'Eurotunnel connaît chaque soir depuis quelques semaines. Il ajoute : « Les grilles installées et financées par l’Angleterre sont vandalisées tous les jours. »


Des améliorations ? Il en a ressenti depuis le 21 octobre  et la visite de Bernard Cazeneuve sur le site d’Eurotunnel. Le ministre de l’Intérieur avait annoncé l’arrivée de 450 gendarmes supplémentaires pour « limiter le nombre d’intrusions et sécuriser le site ». Un premier pas salué par le syndicaliste.


« Avant, on avait entre 300 et 500 intrusions par nuit, maintenant on est à 50. Le tunnel est plus sécurisé. » L’employé du tunnel sous la Manche n’est pas pour autant serein pour l’avenir. Il attend d’autres gestes de la part du gouvernement pour régler la situation.

 

« Que va-t-on faire de ces gens ? »

 

Il soupire  et poursuit : « Oui, des choses ont été faites, mais ça ne sera pas suffisant. La mise en place de barrières  anti-intrusion de quatre mètres de haut, ça va juste les ralentir. On se demande combien de temps cette situation va durer. »


Inquiet, il l’est aussi pour l’économie de sa ville natale, qu’il  considère comme sinistrée. « Si ça continue comme ça, toutes les entreprises vont mettre la clef sous la porte. » Sa ville n'est pas le seul objet de son angoisse. Conscient de la détresse des migrants qui ont bravé des milliers de kilomètres pour rejoindre Calais avec comme « but premier d’aller en Angleterre », il s’interroge. « Et s’ils restent Qu’allons-nous faire d’eux ? Qu’allons-nous leur offrir ? La situation est loin d’être finie »


Frustré de l’inaction et du silence des pouvoirs européens sur le sujet, il espère malgré tout que des « identifications soient faites pour différencier les réfugiés et les migrants économiques ». Avant tout, il aimerait qu’un dialogue soit instauré. Comme un appel à la discussion, il conclut : « Il faut se rendre à l’évidence et en parler. »

 

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